L'aide-mémoire ou check-list

La checklist (ou encore aide-mémoire, pense-bête) est un bon exemple d’outil cognitif à la fois extrêmement simple et intensivement utilisé par les enseignants, souvent même sans y attacher beaucoup d’attention ni d’importance.
La check-list, en effet, est un support externe permettant à l’enseignant de s’assurer que certains éléments, d’une part, ne seront pas oubliés, d’autre part, seront rappelés au moment voulu. Une check-list est souple, elle peut être plus ou moins structurée, comprendre plus ou moins d’informations, ce qui permet de l’adapter à de nombreux contextes. Une check-list peut également être reproduite pour servir, en quelque sorte, de schéma à partir duquel des informations utiles à l’action seront collationnées. Pour autant, ainsi que le note Norman (1991), il est possible de planifier – ou de se souvenir de ses planifications – sans checklist ; mais avec cette dernière, on peut agir avec une charge cognitive moins importante, puisqu’il n’est pas nécessaire de réaliser à nouveau la planification. La deuxième caractéristique de l’utilisation d’une liste, toujours d’après Norman (op. cit.), est qu’elle introduit trois nouvelles tâches pour son utilisateur : – construire la liste (avant l’action) ; – se souvenir de consulter la liste (pendant l’action) ; – lire et interpréter les différents items de la liste (pendant l’action). Mais ces tâches peuvent être considérées comme moins coûteuses cognitivement que d’autres réalisées sans checklist, notamment la tâche de se rappeler régulièrement des tâches à mettre en œuvre pendant l’enseignement.
Un tel outil a donc bien les caractéristiques principales d’un outil cognitif : - être rationnel, faciliter l’action. Si l’utilisation de check-lists a été à notre connaissance peu étudiée dans le domaine de l’enseignement, elle fait l’objet d’études approfondies dans le domaine de la psychologie ergonomique, notamment auprès des pilotes d’avion (e.g., Degani & Wiener, 1990), autre profession où l’on supervise un environnement dynamique. En effet, ces derniers utilisent de tels outils de manière intensive et standardisée. Ces derniers auteurs rappellent qu’une check-list a pour fonctions : – de servir d’aide mémoire, – de s’assurer que toutes les actions critiques ont été prises ; – de réduire la variabilité entre pilotes ; – d’améliorer la coordination dans des conditions sollicitant beaucoup de charge cognitive et de stress.
Il serait donc possible de s’intéresser à la manière dont les enseignants réalisent et utilisent de telles checklists : qu’écrivent-ils dessus ? comment l’utilisent-ils ? Mais aussi : comment éventuellement faciliter l’utilisation de checklists ?

Nous avons écrit un article à ce sujet, disponible à http://tfe.revues.org/index583.html 

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Cours de Ph. Dessus - UE 26 - LSE/UPMF Grenoble